Nous avons dépensé nos derniers lei dans une supérette où une roumaine mariée à un coréen rencontré en France, nous a dit de revenir en Roumanie... Au poste frontière, trois hongrois en uniforme, discutent et vérifient nos passeports entre deux cigarettes. L'un d'eux nous demande d'ouvrir la porte pour satisfaire sa curiosité.
Dixième pays : la Hongrie ! En vérité, nous ne savons pas trop à quoi nous attendre, nous avons peut-être trop entendu le terme "austro-hongrois » pendant les leçons d'histoire et je crois que nous en avons une image un peu austère...
Le pays compte quatre grandes régions : les grandes plaines au sud, les vignobles à l'est, les lacs à l'ouest et la périphérie de Budapest au Nord.
Il fait très chaud, les maisons sont assez communes à l'Europe occidentale et le relief est doux...
Nous terminons notre première journée sur les routes hongroises à Tokaj. Un village de 5000 habitants, réputé depuis des siècles dans le monde entier, pour son vin ! On fait le tour du petit bourg à vélo, on retire 10 000 forints en réalisant que la conversion n'est plus aussi évidente qu'en Roumanie (1€ = 320 forint) et on retrouve l'heure française.
On n'y croise pas grand monde, les rues sont presque désertes, on cale le camion près de l'eau, sur le chemin d'une cigogne qui rénove son nid et on fait la chasse aux moustiques....
Le lendemain, nous avons découvert les Monts Bukk, le relief est assez rare en Hongrie pour que l'on profite du paysage vallonné depuis le lac de Lillafured, surtout lorsque la location d'une barque nous coûte trois fois rien. Le train à vapeur qui traverse la montagne s'entend de loin, le petit musée gratuit près de la gare est probablement intéressant mais exclusivement en hongrois ! En fait, tous les panneaux sont en Hongrois, seuls les panneaux d'interdiction sont en anglais. Cette langue est incompréhensible, on ne peut strictement rien déduire et lorsqu'on tente de communiquer avec des hongrois, ils nous arrêtent tout de suite nous disant qu'ils parlent hongrois ou allemand. Voilà voilà....
De quoi nous donner envie de rester dans la forêt et chercher des champignons, au moins on est à l'ombre...
Nous parcourons les routes forestières jusqu'à la ville d'Eger, une ville de bonne taille au cœur de la région viticole...
On se gare à l'ombre de la Basilique et nous partons découvrir le centre historique.... Il y'a une forteresse entourée de remparts mais il fait tellement chaud, que nous n'avons pas le courage d'y monter!
Les rues sont agréables et ne manquent pas de couleurs, une expo photos se tient sur la grande place autour des jets d'eau qui rafraîchissent les enfants.
Nous reprenons la route, à travers les prés puis dans les bois....
nous suivons une voie peu entretenue jusqu'à un spot parfait pour écouter de la musique et faire un feu....
La canicule nous offrant une pause durant deux jours, nous avons choisi d'avancer notre découverte de la capitale hongroise ! Nous nous sommes arrêtés la veille, dans un mini camping à l'ouest de la ville et les gérants nous ont fourni de précieuses informations pour profiter au maximum de l'unique journée consacrée à Budapest!
Nous sautons dans le bus 291 qui nous mène au centre ville en 25 minutes.
La capitale est formée de deux villes : Buda et Pest, rassemblées en une seule entité à la fin du 19e siècle. Le Danube les sépare. On s'arrête sur la rive ouest face au Parlement : le plus grand monument du pays (265m de longueur sur 96m de hauteur), parfait exemple de l'éclectisme de la ville, il mêle plusieurs style tout en harmonie, un magnifique édifice !!
Nous restons sur la rive ouest et grimpons vers le bastion des pêcheurs sur la colline du château. Au moyen-âge, il se tenait ici, un grand marché aux poissons, le panorama sur la ville est superbe malgré la foule et les cafés qui occupent désormais les lieux. Forcément, nous ne restons pas longtemps, juste de quoi admirer les monuments et cette muraille esprit conte de fées.
Nous redescendons à pied jusqu'au Pont des chaînes, le premier des ponts reliant Buda à Pest. Nous profitons de notre carte de transport illimité pour reprendre le tramway et passer sur le « Pont vert », celui qu'Enzo voulait voir après avoir feuilleté le guide du pays. C'est en fait le Pont de la liberté, édifié pour les fêtes du millénaire de la Hongrie, le pont est magnifique, d'une couleur étonnante et particulièrement photogénique associé au jaune des vieux tramways.
Nous arrivons ensuite face au grand marché couvert. Les halles sont réputées, on y trouve les traditionnels marchands mais surtout du salami hongrois et leur fameux paprika ! Surplombant le marché, le premier étage cache de petites échoppes entre les magasins de souvenirs. On fait confiance à notre flair nous guidant vers un étal de spécialités comme à la cantine plutôt que la street food moderne ! A nous la soupe de goulash et un rougaille saucisse des pays de l'Est, on se régale malgré l'assiette en plastique !
Nous poursuivons notre visite vers le cœur de Pest, c'est la partie la plus animée de la capitale, de jour comme de nuit. On l'appelle le quartier juif, non pas parce qu'entre 1880 et 1941, une grande partie de la communauté juive de Hongrie vivait par ici, mais parce que durant la seconde guerre mondiale, les nazis y ont enfermé 70 000 juifs dans un véritable ghetto, avec l'accord du gouvernement!
Justement nous arrivons face à la Grande synagogue: la plus grande d'Europe.
Au hasard des rues, nous entrons dans le passage Gozsdu, reliant deux rues parallèles par six cours intérieures. Les immeubles se sont transformés en résidences de luxe, les rez-de-chaussés sont des bars et restos à la déco stylée et on vagabonde entre les petits stands d'artisanats et d'antiquités...
Et puis, nous arrivons au Szimpla Kertmozi....
Après la seconde guerre mondiale, certains propriétaires ont renoncé à leur domicile devenu insalubre. Ces lieux abandonnés par de riches familles il y a quelques décennies, sont devenus des Ruins Pubs (littéralement en français « bars de ruines »). Dans un premier temps, il s'agissait surtout de lieux alternatifs où l'on pouvait assister à des projections ou voir des expositions. Pour précisions, les gérants de ces bars si spéciaux ne sont pas des squatteurs, ils payent bel et bien un loyer.
Le « Szimpla Kert » est le premier du genre à Budapest, il a vu le jour en 2002, c'est un vrai petit univers où se développe projets artistiques et environnementaux. On peut assister à un concert gratuit en plein après-midi dans une Trabant d'époque, fumer de la chicha dans une baignoire, se balader dans la jungle de l'étage ou encore voir un nain de jardin faire de la balançoire...
Les murs sont chargés de petits mots, de stickers et vieux flyers. Dans chaque pièce, il y a ce petit truc improbable, cette association inédite, ce meuble d'antan couvert de gribouillis sans soucis de sa valeur, ça part dans tous les sens et on adore ça ! Forcément l'heure à laquelle on s'y arrête, est adaptée à l'âge d'Enzo afin qu'il puisse le voir comme Metelkova: un lieu de grande liberté créative.
On assiste au concert du jour autour d'un verre et on profite au maximum de l'endroit, mais le temps passe... Nous prenons l'un des plus anciens métros d'Europe (1895) pour rejoindre le camion... Rénové il y a quelques années, les stations sont quasiment toutes identiques sur les anciennes lignes. Une décoration très soviétique en marron et blanc, avec de grands casiers en bois vernis et un métro tout jaune!
Lorsque nous rentrons au camion, Altaî fait sa sieste à l'ombre, le gérant du camping était vraiment aux petits soins, ça change après plusieurs mois dans des pays où les chiens sont dans la rue ou attachés à une chaîne en plein soleil pour surveiller un garage!
Le samedi, nous avons quitté la capitale. Nous avions initialement prévu d'aller voir le célèbre lac Balaton mais nous ne parvenons pas à trouver cette authenticité que l'on aime tant, en Hongrie et nous n'insistons pas!
Nous prenons donc la route de Visegrad, en direction de la Slovaquie. Les températures sont plus supportables, nous retrouvons la campagne ainsi que les familles hongroises qui se sont toutes données rendez-vous pour le weekend...
Nous trouvons de nombreux parcs avec des jeux en bois, aménagés pour faire un feu et se reposer au calme, nous y passons deux jours à jouer, pêcher, se promener, on apprécie de ne pas trop rouler le weekend.
Notre passage en Hongrie était assez bref. C'est un pays qui ne manque pas d'intérêts mais nous n'y avons pas trouvé ce petit rien qui donne envie de rester. Nous avons adoré Budapest et nous y reviendrons un jour plus longuement. Pour l'heure, aucun regret, la Hongrie nous a fait réaliser que nous étions bel et bien sur le chemin du retour mais notre petit tour n'est pas terminé!! A très vite en Slovaquie!!