Nous dépensons nos derniers leva bulgares en carburant, juste avant la frontière.
« ROMANIA » est écrit en grand, il n'y a personne côté Bulgarie mais nous patientons 20 minutes avant de voir le douanier roumain.
Je suis chargée d'aller acheter la Rovinieta : vignette obligatoire pour rouler en Roumanie.
Derrière une petite porte vitrée semblable à celle du douanier d'à côté, une dame mange une carotte crue, elle doit avoir la cinquantaine, les cheveux très noirs. Elle me parle un peu en français, un peu en russe, « Mon pays est très belle » « Ici on sourit, c'est pas la Bulgarie ». Je lui dis que l'on veut la vignette pour un mois, elle refuse que l'on paye le prix fort des Poids Lourds!
OK!! En espérant qu'en cas de contrôle, les agents soient aussi sympa...
Sur la route, exit les ladas, le parc automobile est plutôt récent, seules quelques vieilles Dacia donnent la touche vintage, des toits sont coiffés d'un ballon d'eau chaude relié à un panneau solaire, on dépasse des charrettes tirées par des chevaux, les gens nous font répéter les mots dans leur langue jusqu'à ce que notre prononciation soit convenable, alors sur le tableau du camion, on efface le bulgare pour du roumain : Bonjour se dit « bouna ziwa », Merci « Moultsoumesk » et s'il vous plaît « Va rog », ah et puis nous changeons notre monnaie pour des lei (1€ = 4,7 lei)
Nous suivons toujours la Mer Noire de près ou de loin, la route est belle, en meilleur état qu'en Bulgarie! Les fossés sont violets ou jaunes de fleurs, nous traversons des villages, les mêmes que ceux que nous imaginions en France mais en beaucoup plus bucoliques ! Certaines maisons sont très colorées, le portail toujours peint de la même couleur, il y'a des rosiers partout, les fils électriques sont presque rangés et sur des bancs adossés aux barrières à l'ombre, les mamys aux foulards fleuries papotent...
Le soir, nous arrivons au Delta du Danube, là où le puissant fleuve termine son parcours à travers l'Europe. A ce niveau, il se divise en 3 bras, formant un gigantesque écosystème de 41 872 Km².
Il existe aujourd'hui plusieurs zones protégées par l'administration de la Réserve de la Biosphère du Delta du Danube, créée suite aux catastrophes écologiques provoquées par les projets de Ceausescu (celui qui a dirigé le pays pendant trop longtemps)!
Près des lacs formés par les bras de terre et les roseaux, l'herbe est rase mais de hautes fleurs roses poussent un peu partout. En suivant une piste, nous trouvons un spot en haut d'une falaise, le soleil se couche, l'endroit est surprenant, on ne pensait pas trouver ça en Roumanie !!
Au petit matin, nous profitons encore un peu du lieu pour le petit déjeuner. Nous faisons la connaissance de Varso, un berger accompagné de ses chiens et ses 200 chèvres. On lui offre le café en tentant de communiquer mais les mots nous manquent...
On passe le reste de la journée à explorer le nord du Delta et observer les oiseaux : des pélicans, des cigognes avec leurs petits, des cygnes... En effet, près de 300 espèces d'oiseaux vivent dans cette réserve naturelle. Située entre l'Océan Arctique et l'Equateur, c'est le point de rassemblement de milliers d'oiseaux migrateurs en provenance de la Sibérie, la Mongolie, l'Inde et l'Afrique. La meilleure période pour les observer est entre mi avril et mi mai, puis fin octobre, pourtant nous sommes impressionnés par leur nombre!
En route vers les Carpates, nous découvrons ce que signifie le « grenier à blé de l'Europe », on nous offre une bouteille de vin roumain en échange de notre carte de visite à la toute petite Office du Tourisme de Marcin, nous traversons le Danube sur un bac pour rejoindre le centre du pays, on admire les ruines d'un château, on offre des chocolats aux petits roms, on nous fait des sourires et on répond avec bonheur aux saluts des petits et des grands....
Après un chemin assez sportif, nous arrivons aux "Portes de l'Enfer : Les Vulcanii Novoroiosi" !
C'est l'une des réserves géologiques les plus connues de Roumanie : les volcans de boue ! On grimpe en haut du parc pour observer cet étonnant phénomène de plus près, de grosses bulles éclatent à la surface, les coulées vont du noir à l'argenté, le décor est un peu lunaire...
Ici la boue remplace la lave parce que le phénomène est moins puissant, mais les projections peuvent atteindre six mètres de haut, les bulles qui se forment sont remplies de méthane et on entend des « blup blup blup » sous nos pieds. Heureusement Enzo a chaussé ses bottes parce qu'on se laisse vite piéger ! On joue à cache cache dans le relief, on admire et on s'amuse.
Dans la région de Brasov, les maisons sont différentes, plus hautes, plus massives, plus fermées, moins fleuries avec généralement une entrée voûtée donnant sur une petite cour.
Nous faisons deux fois le tour de Brasov sans trouver de places pour nous garer et comme d'habitude nous finissons par prendre nos vélos ! Il y a du monde, le coin est très touristique mais la ville est vraiment jolie et nous fait penser à Riga.
Entourée par la chaînes des Carpates, son nom trône en haut de son centre médiéval à la manière des lettres d'Hollywood...
Le soir, on s'endort face aux montagnes, après un apéro tardif avec un couple d'hollandais et le gardien d'un sanctuaire...
Mais ça on vous le racontera la prochaine fois!! A bientôt et merci pour vos petits mots!! ;)