Ce matin nous traînons un peu, il fait toujours aussi beau. Nous quittons Sos Del Rey Catolico vers les 11h, l'objectif du jour est de trouver quelques provisions et surtout de l'eau!
Nous prenons la route de la Sierra de Leyre dans la Communauté Autonome d'Aragon...
Le lac de Yesa nous émerveille de loin... Jamais nous n'avons vu une eau si bleue, ce bleu azur semble irréel...
Nous oublions notre quête de superette et on profite de cette vue incroyable...
En s'arrêtant en bordure de route, nous pouvons descendre près de l'eau via de petits chemins entre les arbres (et les déchets)...
Quelques ruines des villages engloutis embellissent encore le tableau...
Certains pêchent, d'autres sont prêts pour la sieste à l'ombre des pins...
Le lac de Yesa est un lac artificiel, appelé également "Mer des Pyrénées", il s'est formé par un barrage sur le Rio Aragon et file jusqu'aux Bardenas.
Nous reprenons la route en suivant l'eau turquoise...
Sauf qu'à force de voir des spots parfaits sur les abords du lac, il a bien fallut qu'on se pose à nouveau...
Alors on s'est posé là, au milieu de ce vaste champs doré... On a profité, cuisiné une tambouille avec ce qui nous restait dans le frigo et on a encore profité....
Il y'avait du bois flotté un peu partout, certains s'étaient amusés avant nous...
On est aller voir les moutons avec qui on partageait le champs...
Et forcément, avec 40°C, on a voulut faire trempette...sauf que c'était pas du sable mais de la boue!!
Une boue épaisse et collante, à l'effet ventouse..
On se doutait bien qu'il y avait anguille sous roche, personne ne se baignait et sur les rives du lac, il n'y avait pas de châteaux de sable (forcément), mais de vrais minis maisons...
On y serait bien resté quelques jours mais en fin d'après-midi, pour le coup, nous n'avions vraiment plus d'eau et il nous fallait toujours faire des provisions alors nous avons repris la route vers Jaca, un peu plus à l'ouest, en suivant le Rio Aragon...
Jaca est une ville où il y a probablement plein de choses à faire et de très beaux édifices à voir ou à visiter mais on ne s'y attarde pas, en fait nous trouvons un "Mercadona" à l'entrée de la ville...
Garé en plein cagnard, nous comprenons pourquoi le parking est si petit, il ne s'agit pas d'une épicerie de quartier mais d'un vrai supermarché (Lecl** espagnol) avec un grand parking en sous sol...
Nous continuons un peu plus loin jusqu'à Sabinanigo, toujours dans la province de Huesca...
On tourne un peu dans la ville sans y trouver un quelconque intérêt, on se pose sur un grand parking, un peu à l'écart derrière la guardia locale et nous découvrons un peu ce qui se cache derrière les murs qui entourent le parking... ça tombe bien la porte est ouverte...
Il semblerait que ce soit un centre de vacances, un peu à l'abandon et légèrement désert...
Des tables sont installées, l'office du tourisme semble ouverte... et derrière la guardia se cache une grande aire de jeux...
En passant la tête au dessus des barrières, on peut apercevoir des monuments variés à petite échelle... le tout entouré par des immeubles... Il n'y a que nous, on a vu deux passants traverser la cour et puis plus rien....
11h00, 30°C, après un petit tour dans Sabinanigo, nous partons vers Ainsa, encore un peu plus à l'est... Nous choisissons le chemin qui coupe dans les montagnes via le village de Fiscal.... Sinueuse et pittoresque, la voie la plus courte n'est pas toujours la meilleure, aucune photo du paysage, avec nos freins qui fument, nous sommes contents de retrouver la route principale...
Celle ci, nous offre de jolis points de vue après une succession de tunnels. Nous suivons le Rio Ara et découvrons Janovas...
Le village de Janovas a une histoire un peu particulière...
Comme d'habitude, je vous la fais courte:
Avant les années 1950, la ville était heureuse et prospère, jusqu'au jour où l'idée d'un grand barrage sur la rivière Ara fut lancée. 10 ans plus tard, l'entreprise qui devait être chargée de la construction du barrage puis de la production et de la distribution de l'électricité, a lancé des expropriations à tout le monde et a commencé à faire sauter les maisons de ceux qui ne voulaient pas s'en aller. La population a été forcée de partir ( étant donné que plus personne n'avait de maison), mais au cas où les gens voudraient venir planter leurs tentes, les gars ont quand même dynamité les derniers bâtiments, saccagé les vergers et potagers, cassés les canalisations, etc...
Tout cet acharnement pour qu'en 2001, le gouvernement espagnol arrête définitivement le projet du barrage!
Nous reprenons la route le long du Rio Ara... L'eau semble claire sur la roche blanche mais quelques kilomètres plus loin, la petite rivière se faufile entre les gorges et retrouve son joli bleu....
Un ancien tunnel sert désormais de parking, nous trouvons une place à l'ombre près des espagnols... Les parasols protègent le pique-nique, les boissons gardent le frais directement dans le Rio Ara... Ce lieu me fait repenser à la République Altai, où toutes les générations se retrouvent aux bords de l'eau, dans des endroits magiques, juste assez à l'écart pour éviter les foules... Et pour une fois il n'y a pas de déchets pour tout gâcher...
Nous en profitons plusieurs heures malgré l'eau fraîche...
En arrivant à Ainsa, nous traversons la ville nouvelle, celle des commerces et boutiques destinées aux loisirs dans la région... La vieille ville est perchée sur son rocher face à la belle Pena Montanesa (2295m)...
Ainsa est une petite cité médiévale, ancienne capitale du royaume de Sobrarbe classé site historique...
Nous découvrons de petites ruelles pavées, bourrées de charme, des points de vue sur le lac Médiano ou la Pena Montanesa et la jolie Plaza Mayor.
Nous profitons encore d'Ainsa avant de partir un peu plus au sud vers le lac de Mediano...
Le lac de Médiano est également une réserve d'eau artificielle... Il atteint son plus haut niveau au printemps avec la fonte des neiges mais en été, il recule de plusieurs mètres et laisse apercevoir les ruines du village du même nom, engloutit en 1973 avec quatre autres villages.
Seul le clocher de l'église de Médiano dépasse encore de l'eau et reste la curiosité locale...
Pour les photos, on repassera vu que Flo n'a pas pensé partager avec nous sa découverte...
jess: "c'est dommage, on a pas vu les ruines dont ils parlaient..."
flo: "ah ben si je l'ai vu le clocher moi"
On ne se lasse pas du paysage... la montagne, les oliviers et toujours ce bleu incroyable...
Nous tentons à plusieurs reprises de nous poser aux abords du lac, sans succès! Les chemins sont rares, souvent étroits et en mauvais état. Nous suivons l'un d'eux un peu au hasard et découvrons peu à peu ce qui semble être un village à l'abandon...
Mais entre les ruines, du linge sèche au soleil, des véhicules sont bien rangés devant une maison sans toit, il y a des réserves de bois et un chat en sale état vient nous saluer... Le village est donc bel et bien habiter! Nous continuons jusqu'à El Grado...
El grado est un autre barrage, construit en 1969... Une nouvelle fois, impossible de se poser à l'écart de la route, l'accès à l'eau se mérite... Nous faisons demi-tour en direction d'Ainsa, tout en cherchant encore le spot parfait pour la nuit...
Et avec un peu de chance, la dernière tentative nous mène dans un petit paradis...
Des fourgons sont garés au bord de l'eau, nous choisissons la facilité et restons à côté du petit chemin de terre...
On est bien...
L'endroit est idéal pour faire un feu, nous préparons le bois, construisons un château avec Enzo, on se balade, on joue, on farniente à l'ombre....
Lorsqu'on allume le feu, tout est si paisible, le ciel est plein d'étoiles, la voie lactée traverse la nuit, on profite de cet instant parfait, pure définition de notre bonheur: Etre là ensemble, devant le feu, en ce lieu, dans ce calme et cette simplicité... On profite, on savoure, on se dit qu'on pourra peut être observer le lever du soleil demain matin...
Et puis vers 23h40, la guardia est venue nous rendre visite... Oui c'était trop beau pour être vrai...
Aucun panneau d'interdiction mais nous sommes dans un parc naturel... Alors le monsieur avec son képi a baragouiné en espagnol et on a compris qu'ils allaient gentillement nous déloger....
La police... "hablas spagnol?"
Jess.... "un poco" (un peu)
"fuego prohibe?" (feu interdit?)
La police... "si, y para dormir" (oui et le bivouac)
Jess... "quoi para dormir? dormir aqui!" (comment ça dormir? on dort ici!)
La police "para dormir prohibe"
C'est comme ça qu'à minuit, nous et les fourgons aux alentours, avons été forcé de dormir sur l'un des parkings d'Ainsa...
Le positif? avoir profité pour de vrai et se faire déloger à minuit plutôt qu'à 5h du matin!