Il est encore tôt lorsque j'entends les premiers visiteurs. Aujourd'hui, pas d'école, nous allons visiter le sanctuaire des ours de Zarnesti.
Il ne s'agit pas d'un zoo, l'entrée est réglementée, les visites limitées en nombre (il y'a seulement une visite en anglais) et le parc est ouvert uniquement le matin aux visiteurs. La seule priorité ici est le bien être animal : le bien être de ceux qui ont subit des maltraitances dans une structure touristique (cirque, zoo,...) ou qui ont été blessés par l'homme. Le parc est divisé en trois parties sur une surface de 69 hectares et accueille une centaine d'ours et quelques loups.
La visite se veut éducative, nous montrant la cruauté dont l'homme est capable pour amuser la galerie ! Pendant une heure, nous suivons le guide sans trop pouvoir prendre le temps d'observer les ours que nous apercevons et je le regrette un peu. Malgré tout, cette visite nous confirme le bien fondé de cet espace, le besoin de faire évoluer les mentalités! Il n'est pas concevable de laisser des ours dans des cages, il existe encore dans ce monde des restaurants ou des hôtels avec des ours enchaînés pour attirer le client, il existe encore des cirques où l'on tourne les ours en ridicule...
La Roumanie compterait désormais plus de 9500 ours bruns et leur population augmente, ils se reproduisent jusqu'à deux fois par an (au lieu d'une fois tous les deux ans) à cause des hivers plus doux!
Avant la guerre, les ours étaient chassés à volonté mais le dictateur Ceausescu avait interdit de les tuer. Non pas pour l'amour des bêtes mais pour la passion de la chasse, il s'était réservé ce droit pour lui tout seul!! Après sa chute en 1989, le pays comptait environs 8000 ours. Désormais, la Roumanie propose un quota de 10% par an, les chasseurs doivent s'acquitter d'une taxe de 5 à 7 000 euros par tête d'ours, un prix que seuls certains européens et américains sont prêts à débourser pour s'afficher sourire aux lèvres, devant le cadavre des bêtes...
Le sanctuaire continue de recevoir des animaux maltraités ou des oursons trouvés dans la forêt par les gardes-forestiers, après que leur mère a été tuée par des chasseurs ou des braconniers. (sources: lepoint, libearty)
Si vous voulez les soutenir, c'est par ici: LIBEARTY, l'association gère aussi un refuge pour les chiens errants en Roumanie.
Nous partons ensuite pour les Carpates, ce nom me semblait si lointain depuis notre Bretagne mais on y est....
Nous passons le weekend dans une vallée appréciée des roumains pour le camping sauvage...
Deux jours orageux pour s'embourber comme des débutants et s'en sortir comme des chefs, voir les roumains faire des rondes pour empêcher les ours d'approcher, entendre du jazz manouche entre les caravanes, remplir les cuves à la source comme avant, patauger dans la rivière et se laisser attendrir par les chiens errants...
Autour de nous : la forêt. Une forêt sombre comme dans les contes, où les roumains cueillent des bourgeons d'épicéa pour en faire du sirop pour l'hiver, où l'on tente de reconnaître les empreintes des animaux, où les locaux nous indiquent le sentier à suivre pour ne pas croiser les ours et nous confirment qu'un loup est passé par là....
Le lundi 10 juin, nous sommes allés à Bran, une petite ville très touristique entourant le vrai faux château de Vlad Tipes (le conte de Dracula). La rue principale n'est faite que de pensions (hôtel) et restaurants avant le marché aux souvenirs qui mélangent les jouets en bois, les t-shirts de vampires et les objets traditionnels... et puis, contre toute attente, nous avons visité le château de Bran !
Pour Enzo, l'intérêt éducatif était tout trouvé, sans compter que le château a inspiré celui du dessin animé "Hôtel Transylvanie" regardé la veille... mais pour nous, c'était beaucoup moins drôle... Il y avait de vieux meubles en bois (un peu comme en Bretagne en plus) derrière des cordelettes infranchissables (c'est vrai qu'on est du genre à sauter sur les lits), des assiettes dorées dans une vitrine et un tas d'autres meubles et tableaux dont on avait absolument pas envie de connaître l'origine et évidemment, il fallait payer un supplément pour accéder aux endroits un peu plus sympas! Forcément nous avons cédé à l'appel de l'ascenseur futuriste menant aux souterrains du château, il fallait au moins ça pour finir sur une note positive et nous sommes rentrés par les jardins, d'où nous aurions peut être dut nous contenter de la vue...
Après cet épisode touristique très enrichissant (n'est ce pas?!), nous sommes vite repartis vers les montagnes...
Au sud de Bran, les collines sont verdoyantes, des cadres triangulaires attendent de recevoir le foin qui formeront les meules coniques, des vaches égalisent l'herbe d'un terrain de foot, des gens vendent du miel et du fromage devant chez eux, le paysage devient plus montagnard...
Nous attaquons la célèbre Transfagarasan à partir de l'industrielle Curtea des Arges: ville d'entrée des Monts Fagaras (les plus hauts des Carpates). Il ne faut que quelques virages pour arriver dans les gorges et au milieu des forêts.
Le temps est couvert et la brume donne un peu de mystère à l'endroit que l'on choisi pour la nuit, juste en bas de la forteresse de Poienari (une citadelle construite par les turcs capturés de Vlad Tipes). Nous cherchons le meilleur spot près de l'eau, sans risquer de nous retrouver à nouveau dans la boue, lorsque j'entends Flo dire: « Eeee y'a un ours dans le rétro!! »
L'ours nous a bien vu mais continue son festin de fourmis (on en apprend tous les jours)! Quel sentiment étrange que de pouvoir admirer cet animal dans son milieu naturel, incroyable et effrayant à la fois, nous savons que cet instant restera inoubliable...
La Transfagarasan (route nationale 7C) est une route de 152 km traversant les Carpates. C'est encore un projet fou de Caucescu, qui par stratégie militaire voulait une route à travers les montagnes en cas d' invasion par l'URSS. Elle fait maintenant partie des plus belles routes au monde mais ses lacets spectaculaires se méritent! Cette route n'est ouverte que quelques mois dans l'année, entre juillet et octobre, le reste du temps la neige bloque l'accès au col....
Mais nous sommes tenaces et décidons d'en faire le maximum!
Au programme du jour, la partie sud, celle du conté de Curtea des Arges, pour relier Bascov (kilomètre 0) à Piscu Négru (kilomètre 104), là où la route est fermée pour cause de neige.
Un peu au dessus de notre spot pour la nuit, un pont interdit à la circulation nous permet de profiter de la vue...
Nous progressons dans la forêt, traversant quelques longs tunnels, croisant des motards de toutes nationalités et nous arrivons au lac de Vidraru, un lac artificiel dont la construction de l'impressionnant barrage de 166m de haut, aurait coûté la vie à des centaines de personnes entre 1960 et 1966.
La route est belle mais souvent accidentée et comme prévu, nous sommes forcés de faire demi tour au kilomètre 104.
Et puis dans un virage, entre les hautes herbes et les poteaux d'un panneau fléché...
Nous ne sommes pas capables d'évaluer son âge, savoir si c'est un jeune ours solitaire ou si c'est encore un ourson dont la maman n'est pas loin. Il est là, nous observe, je ne sais pas combien de temps dure ce moment, nous restons dans le camion, émerveillés mais bien conscients que cette peluche sait se servir de ses énormes griffes!
Nous dormons en haut d'une colline, près d'un tout petit village sur l'axe Sibiu-Bucarest et le lendemain nous retrouvons la route mythique dans sa partie Nord: le conté de Sibiu.
Le ciel est couvert durant les 22 km séparant la route DN1 ( kilomètre 152) et le Chalet Baléa (kilomètre 130). Impossible d'aller plus loin, cette fois il nous faut prendre la télécabine pour rejoindre le sommet...
Depuis les hauteurs, nous apercevons la cascade Baléa puis cette fameuse neige que nous ne pensions pas revoir au mois de juin...
20 minutes plus tard, nous atteignons les 2000 mètres et nous avons cet incroyable panorama sur la Transfagarasan... La vue est aussi folle que cette route et méritait bien notre ténacité!!
Autour de nous, du blanc, le Lac Baléa est encore gelé, le ciel devient bleu et on s'amuse avec la neige...
Et comme elle nous semblait si jolie vue du haut, nous nous sommes motivés pour aller voir la fameuse cascade Baléa. On aurait pu descendre depuis le sommet sur un chemin de randonnée évalué à 4 heures de marches mais non... Alors on s'est posé à la place des 4x4...
Et nous avons grimpé sur un sentier qui n'en était pas vraiment un, où l'eau de la fonte des neiges ruisselait sous nos pieds. Le parcours initial changeant parfois à cause d'un glissement de terrain ou un arbre à terre. Enzo nous a devancé dès le départ et nous a impressionné, peu d'enfant de son âge aurait marché ainsi sans bronché!
En redescendant, nous avons ramassé des bourgeons d'épicéa comme les roumains et nous avons dormi là, à quelques pas de cette fameuse Transfagarasan.
La prochaine fois, on vous amène à Sibiu. Merci pour vos visites et à très vite!!
wecampontheroad (lundi, 01 juillet 2019 00:02)
quelle chance d'avoir vu des ours 3 fois en roumanie et nous avons vu juste des traces
!